Warria Magda

Warria Magda, l’empreinte carbone, elle s’en balance : premier gig – octobre 2019 – Californie baby. Et pour seulement une demi-heure… Elle dit ça mais au fond un arbre qui brûle ça la rend dingue. Alors elle maquille ses failles derrière une arrogance de pacotille. Elle chante en douze langues, même celles qui viennent de nulle part. L’indicible, c’est la matière de son propos. C’est ça sa musique. Elle a tout un attirail de sirène pour créer l’envoûtement depuis son île. Et le pire, c’est que ça opère. Mais pas de panique, la finalité c’est la paix dans l’monde. Elle aurait pu rester tranquille au fond des bois à fabriquer des tambours chamaniques en cuir végétal depuis sa Corse d’adoption, mais non elle est là. Parce que partager le sensible, ce n’est pas rien. Partager la scène non plus. Mais pas n’importe quelle scène. Exit les plans tièdes. Warria Magda ce qu’elle veut, c’est l’exception. Warria Magda trouve son nom dans une évocation de la figure de Marie-Madeleine, femme mille fois racontée, souvent bafouée. L’idée de véhiculer une nouvelle narration à cette femme dépossédée de sa propre histoire, à l’image de tant de femmes, faisait sens pour nous. En lui apposant une symbolique guerrière à travers une simple substitution de lettre (le W de Warrior), nous lui rendions sa puissance et sa liberté.


En cuisine, Warria Magda c’est la chimie de deux cœurs et deux cerveaux mélangés : Cora Laba et Marie-Cécile Hanin. Autrices-compositrices interprètes, elles profitent chacune des épaules de l’autre pour faire des trucs qu’elles n’osent pas en solo. Ça sert à ça les gangs non ? A l’occasion d’une carte blanche au Loopfestival de Santa Cruz, elles ont créé un répertoire où elles mêlent leurs voix, leurs plumes, clavier, basse, banjo, pédalier looper et autres trouvailles sonores pour en sortir quelque chose comme du mélancolie-groove, du rap des îles, et du madrigal-électro. Avec des influences aussi larges que David Lynch, Jacques Higelin, Cypress Hill, Cocorosie, Johnny Guitare, et même de la pop à la mode , Warria Magda jette des ponts entre les esthétiques sans rien s’interdire. Qu’importe la forme, ce qui compte c’est déclencher l’émotion, créer le trouble, la surprise, et faire vaciller l’instant présent. Au final : de la musique, avec pas mal de poésie et de magie dedans. Malaxer l’indicible, l’invisible, pour faire du bien par les oreilles.